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biosphère le point de vue des écologistes ← articles plus anciens 19 juillet 2018 démographie africaine et migrations vers l’europe nota bene : cet article est le 4000ème… nous n’avons pas la prétention de bouleverser la société avec ce blog biosphere, mais nous espérons contribuer à améliorer (de façon infinitésimale, nous sommes ce jour plus de 7 600 000 000 d’humains ) les interrelations qui forment nos dépendances réciproques. selon the world population prospects : the 2017 revision , l’afrique compte 1,256 milliard d’habitants, contre 640 millions en 1990. sa population a donc doublé en un quart de siècle. o n note que son taux moyen de fécondité est de 4,7 enfants par femme (contre 2,2 en asie et 2,1 en amérique latine). mais il atteint 7,4 au niger ou encore 6,6 en somalie et 6,3 au mali. la pyramide des âges affiche une base très évasée, puisque 60 % des africains ont moins de 25 ans. à ce rythme, on estime que l’afrique comptera 1,704 milliard d’habitants en 2030, 2,528 milliards en 2050 et 4,468 milliards en 2100. soit à cet horizon 40 % de la population mondiale, contre 17 % en 2017. toutes ces données ont été enfouies dans le non-dit parce qu’elles génèrent un malaise dans les opinions publiques, et plus particulièrement dans les milieux scientifiques. on se souvient des critiques récurrentes formulées contre le population council , créé par john d. rockefeller iii en 1952 dans le but d’encourager la contraception dans les pays « sous-développés ». parallèlement, les chercheurs et les politiques adoptaient trois types d’attitude dans la seconde moitié du xxe siècle : « l’inattention » (très peu d’études étaient consacrées au lien entre démographie et pauvreté au sud du sahara), mais aussi le déni , et enfin l a maladresse ( wealth in people , la population est une richesse). ces réactions demeurent d’actualité, ainsi qu’on a pu le constater lorsque emmanuel macron a déclaré, en marge du sommet du g20 en juillet 2017 : « quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. » outre les commentaires indignés de ses opposants traditionnels, il s’attira les foudres d’angélique kidjo : « moi ça ne m’intéresse pas qu’un président, d’où qu’il vienne, dise à des millions [d’africains] ce qu’ils doivent faire dans leur chambre à coucher ». de la part de l’ambassadrice de l’unicef, cette déclaration montrait bien à quel point l’incompréhension demeurait grave sur les enjeux démographiques africains. e n fait, le premier grand malentendu porte sur la réalité de la transition démographique , dont le moins qu’on puisse dire concernant l’afrique subsaharienne est qu’elle demeure inachevée, bloquée en fin d’étape 2, avec des taux de natalité qui ne baissent que très lentement. c ertains pays avaient pris conscience de la nécessité de mettre en place des politiques de planning familial, le kenya en 1967, le ghana en 1970, le sénégal et le nigeria en 1988. mais la plupart de ces campagnes de sensibilisation échouèrent face aux résistances des milieux religieux et faute de moyens. le second grand malentendu porte sur la notion de dividende démographique , que les opinions publiques associent souvent à un bénéfice garanti dès lors que la population dite active (comprise entre 20 et 65 ans) est plus nombreuse que la population dite dépendante (moins de 20 ans et plus de 65 ans). pour que les 30 millions de jeunes africains qui arrivent chaque année sur le marché du travail rendent le dividende démographique bénéficiaire, il faudrait créer autant d’emplois dans le secteur formel, soit 30 millions par an d’ici à 2035. n ulle amorce de ce processus n’est actuellement visible dans le paysage économique africain, qui continue à être largement dominé par l’ emploi i nformel. alors la tentation de la migration risque d’être forte. l’hypothèse de la soupape migratoire a longtemps été considérée comme inutilement alarmiste. en 2015, serge michaïlof s’est affranchi du déni : « l’afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ? ». en reprenant les courbes de la démographie africaine, il rappelait que si l’on ne faisait rien, au plan de la démographie et du développement, on s’exposerait aux migrations massives vers l’europe. dans son dernier essai ( la ruée vers l’europe , 2017), stephen smith va encore plus loin. l’ancien journaliste de libération et du monde , établit un parallèle entre l’afrique et la situation européenne au xixe siècle : entre 1850 et 1914, alors que la population de l’europe passait de 200 à 300 millions, plus de 60 millions d’européens migraient vers les états-unis (43 millions), l’amérique latine (11 millions), l’australie (3,5 millions) et l’afrique du sud (1 million). sur cette base, stephen smith fait l’hypothèse qu’une vague migratoire analogue entre l’afrique et l’europe pourrait atteindre des proportions telles qu’on compterait 150 à 200 millions d’afro-européens en 2050. faut-il négliger ce sondage gallup (2016) indiquant que 42 % des africains âgés de 15 à 24 ans (et 32 % des diplômés du supérieur) déclaraient vouloir émigrer ? il semble de plus en plus clair que les opinions publiques européennes n ‘ e n veulent pas, si l’on en juge par les résultats des élections les plus récentes en italie, en pologne, en grande bretagne, aux pays-bas, en france, en allemagne, en autriche, en hongrie. la crise migratoire a retourné l’opinion publique européenne. c’est pourquoi la démographie africaine doit être abordée sans tabou, en rappelant que deux des plus grandes puissances mondiales actuelles ne le seraient sans doute pas aujourd’hui si elles n’avaient pas conduit, en temps utile, des politiques de population drastiques. christian bouquet, professeur de géographie politique, université bordeaux montaigne pour avoir le contenu intégral de son analyse publié dans démographie | 8 commentaires 18 juillet 2018 ceux que l’explosion démographique ne fait pas sourire le 6 octobre 1999 est une date qui a symbolisé le passage à 6 milliards de terriens ; lors de l’émission « le téléphone sonne » de france inter, tous les invités étaient unanimes tant pour éluder la catastrophe malthusienne qui s’annonçait que pour brocarder ceux qui s’en inquiètent. et ils enchaînèrent sur « certains prochains progrès de l’humanité qui allaient pallier les inconvénients de cette croissance démographique exponentielle… » l a pensée populationniste estime que l’explosion démographique n’est pas un problème . voici les réponses qu’on peut leur faire : « la population, en 2020, cessera de croître… » peut-être, mais pour stagner à 12 milliards d’habitants, c’est-à-dire le double de 1999 ! si on tenait un raisonnement analogue pour le chômage ! « dans les années 70, les spécialistes pensaient que ce serait 15 milliards, vous devriez être soulagés avec « seulement » 12milliards … » bref, si votre conjoint(e) vous trompe 12 fois au lieu des 15 fois prévisibles, estimez-vous heureux (se) ! « la planète peut accueillir ces 12 milliards d’habitants, il y a encore de la place inoccupée… » certes, mais en sibérie, au sahara, ou dans l’antarctique ? « un médiatique scientifique chéri des marxistes estime que la terre pouvait accueillir sans problème jusqu’à 50 milliards d’habitants… ! »… un argument d’autorité qui ne vaut que par son toupet de désinformation ! ined, institut national d’etudes démographiques : « c’est une idée reçue de penser qu’en étant moins nombreux, nous allons mieux vivre. nos ancêtres de 1800, qui étaient un milliard, vivaient très mal et souffraient de famine. leur espérance de vie plafonnait à 25 ou 30 ans. en deux siècles, nous avons fait d’énormes progrès, tout en nous multipliant par 6,5. » bravo pour le sophisme ! ces progrès n’ont rien à voir avec cette démographie galopante et seraient accompagnés d’une bien meilleure qualité de vie pour les pauvres comme pour les riches si la population mondiale n’avait justement pas été multipliée par 6,5 depuis 1900 ! 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